On peut arrêter les hommes, mais pas la vérité
Un tract diffusé à Forcalquier invitant à une journée contre l’anti-terrorisme le 8 mai a mis le feu aux poudres. En tête de l’affichette, une photo représentant la plaque d’entrée de la résidence dignoise de Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur.
Vers 6 heures ce matin, dans la commune des Alpes de Haute-Provence, quatre personnes du « Comité de sabotage de l’anti-terrorisme » ont été interpellées par le SRPJ de Marseille. Il s’agit de François Bouchardeau et sa femme, responsables d’HB Editions, une maison indépendante spécialisée dans la littérature contemporaine, ainsi que Samuel Autexier et sa sœur Héléna, qui animent la revue militante Marginales.
A travers ce Comité de sabotage de l’antiterrorisme (CSA), tous les quatre soutiennent le groupe de Tarnac et Julien Coupat, incarcérés depuis six mois dans l’enquête sur les dégradations de ligne SNCF à l’automne 2008.
Dans les milieux gauchistes, comme de source policière ils sont présentés comme « déterminés » mais « pas du genre têtes brûlées« . « Ils n’ont pas le profil des encagoulés de fin de manifs, rapporte un militant. La violence, ce n’est pas leur truc« .
Christophe Castaner, le maire PS de Forcalquier, a réagi à ces interpellations. L’élu considère que « dans un pays démocratique comme le nôtre, on n’interpelle pas les gens au petit matin parce qu’ils ont diffusé un tract dénonçant un acharnement judiciaire. On a quand même le droit d’émettre des réserves sur une décison de justice. »
Des personnes que Castaner n’a « jamais vu violentes. Juste contestaires notamment contre moi puisque j’incarne le pouvoir.
Fils d’Huguette Bouchardeau, qui avait succédé à Michel Rocard à la tête du Parti socialiste unifié (P.S.U.), ancienne ministre et fondatrice d’une maison d’édition, François Bouchardeau avait publié un Mai 68, Agenda 2008, entièrement codé. HB éditions (pour éds Huguette Bouchardeau), fondée en 1995, cette maison publiait des agendas (celui de Jules Vernes à l’occasion du centenaire de sa mort en 2005) contenant des indications subversives.
Helena et Samuel Autexier, de Forcalquier également, sont, comme Coupat, aussi des journalistes. Oui, mais dans des revues subversives, comme Contre Feux, ou Marginales. Samuel Autexier avait même appelé, après le nº 3 de Marginales (Les Dépossédés, figures du refus social), à recenser « des maisons vides à Forcalquier » afin de « créer un habitat collectif et social qui permettrait d’ouvrir un accueil à ceux qui dorment à la rue… ».
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Deux hommes et une femme, considérés comme proches de Julien Coupat, ont également été arrêtés lundi matin dans la région de Rouen et placés en garde à vue par des policiers de la sous-direction anterroriste.
Agés de 25 à 26 ans, ils ont été interpellés à l’aube à Rouen et leurs domiciles ont été perquisitionnés. Placés en garde à vue, ils ont ensuite été transférés dans la matinée au siège de la Sdat.
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Je me répète, mais
Dans l’immédiat, une seule chose est claire :
La détention de Julien a institué dans les faits :
la Détention Provisoire Illimitée
pour tout innocent
(ce que Julien est présumé être).
Nous sommes potentiellement
tous Coupat !
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Written by O.S
18 mai 2009 à 16:57
Publié dans Non classé
Tagged with Bernard Squarcini, chefs, coupat, désobéissance civile, gouvernement, julien coupat, liberté, luttes sociales, non coopération, peuple, Sarkozy, société, tous coupat
Une Réponse
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En écho au titre de ce billet, ce commentaire de Julien dans Le Monde (lisez svp l’entretien entier) :
« Ce n’est pas en nous transperçant de peines de prison, de surveillance tatillonne, de contrôles judiciaires, et d’interdictions de communiquer au motif que nous serions les auteurs de ce constat lucide, que l’on fera s’évanouir ce qui est constaté. Le propre des vérités est d’échapper, à peine énoncées, à ceux qui les formulent. Gouvernants, il ne vous aura servi de rien de nous assigner en justice, tout au contraire.«
Laurent lun
25 mai 2009 at 15:31