Le Monde vibrera comme une immense lyre Dans le frémissement d’un immense baiser !
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Si les temps revenaient, les temps qui sont venus !
– Car l’Homme a fini, l’Homme a joué tous les rôles !
Au grand jour, fatigué de briser des idoles,
Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,
Et, comme il est du ciel, il scrutera les cieux !
L’idéal, la pensée invincible, éternelle,
Tout le dieu qui vit, sous son argile charnelle,
Montera, montera, brûlera sous son front !
Et quand tu le verras sonder tout l’horizon,
Contempteur des vieux jougs, libre de toute crainte,
Tu viendras lui donner la rédemption sainte !
Splendide, radieuse, au sein des grandes mers
Tu surgiras, jetant sur le vaste Univers
L’Amour infini dans l’infini sourire !
Le Monde vibrera comme une immense lyre
Dans le frémissement d’un immense baiser !
– Le Monde a soif d’amour : tu viendras l’apaiser.
Tout le dieu qui vit, sous son argile charnelle,
Montera, montera, brûlera sous son front !
Contempteur des vieux jougs, libre de toute crainte,
Tu viendras lui donner la rédemption sainte !
Tu surgiras, jetant sur le vaste Univers
L’Amour infini dans l’infini sourire !
Dans le frémissement d’un immense baiser !
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Je regrette les temps de la grande Cybèle
Qu’on disait parcourir, gigantesquement belle,
Sur un grand char d’airain, les splendides cités ;
Son double sein versait dans les immensités
Le pur ruissellement de la vie infinie,
L’Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie,
Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux.
– Parce qu’il était fort, l’Homme était chaste et doux. Misère ! Maintenant il dit : je sais les choses,
Et va, les yeux fermés et les oreilles closes.
Qu’on disait parcourir, gigantesquement belle,
Sur un grand char d’airain, les splendides cités ;
Son double sein versait dans les immensités
Le pur ruissellement de la vie infinie,
L’Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie,
Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux.
– Parce qu’il était fort, l’Homme était chaste et doux. Misère ! Maintenant il dit : je sais les choses,
Et va, les yeux fermés et les oreilles closes.
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RIMBAUD : extraits de : Soleil et chair (Mai 1870)
RIMBAUD : extraits de : Soleil et chair (Mai 1870)
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